localisation
programme : construction de l’amandier, ensemble de 17 logements collectifs et des locaux pour le lycée du Bocage à chambéry – savoie
maîtrise d’ouvrage : compagnie d’architecture nouvelle
maîtrise d’œuvre : pateyarchitectes (architecte mandataire, économie, opc), stebat (be structure), adf (be fluides), canopée (be environnement)
mission : base + exe + opc
surface de plancher : 2 908 m²
démarche qeb : re 2020
calendrier : permis obtenu fin 2022, études en cours
Le terrain de l’Amandier est un site privilégié, aux portes du centre ville et à la lisière de la forêt en direction des Charmettes. Cet environnement préservé, entre ville et campagne, est voué à perdurer
puisqu’il s’inscrit à proximité d’une « aire de valorisation de l’architecture et du patrimoine » (définie par le règlement d’urbanisme de la ville de Chambéry qui régit la façon d’urbaniser la ville).
L’enjeu d’un projet d’architecture est de s’intégrer et de dialoguer de façon harmonieuse avec son environnement. C’est en portant une grande attention au déjà-là et en s’inspirant de l’histoire et du patrimoine de Chambéry que le projet s’inscrit naturellement dans le site.
En référence au patrimoine des murs de pierre envahis par la végétation, la façade Ouest se dresse comme un mur minéral à grande échelle.
De la même façon que l’architecture militaire de la Caserne Curial en carré replié ou des murs massifs de la maison de la culture de Mario Botta, ce mur porte plusieurs fonctions :
– Délimiter : Le mur, en suivant ceux en aval et en amont, longe la route et marque de façon évidente la distinction entre les espaces publics et privés.
– S’intégrer : Il participe à une insertion douce du nouveau bâti en adoptant le langage et la morphologie de l’environnement existant. A terme, ce nouveau mur comme les autres sera colonisé par la végétation et se fondra peu à peu dans son environnement verdoyant.
– Dissimuler et protéger : Il abrite l’intimité des foyers et les préserve des regards avoisinants. Il enveloppe et protège les intérieurs des nuisances, qui s’orientent vers le paysage et la lumière à l’Est.
Son aspect massif et brut assure la pérennité et la robustesse de l’ouvrage pour faire face aux aléas et protéger les habitants.
Pour rappeler la matérialité des anciens murs de pierre maçonnées, un béton lavé qui révèle les granulats et donne du relief et de la texture à la façade est choisi. Ce matériau brut permet, au-delà de ses qualités esthétiques, une résistance à toute épreuve et un faible entretien.
De façon générale, les matériaux employés dans le projet sont pensés à la fois pour leurs qualités plastiques, mais également pour leurs capacités à résister aux aléas du temps.
Tandis que le mur protège et dissimule à l’Ouest, la façade Est s’ouvre largement sur le paysage, la forêt et les terrains cultivés en aval, grâce à de larges baies vitrées et des espaces extérieurs généreux. L’absence de vis-à-vis permet une transparence totale. Le panorama s’invite dans les intérieurs tel un tableau à grande échelle.
Les espaces extérieurs deviennent une extension de l’intérieur. Grâce aux stores en toile déportés en façade, ces espaces sont abrités du soleil et de la chaleur tout en profitant d’une lumière diffuse
et sont praticables à toutes les saisons.
Le projet de l’Amandier s’adapte à son environnement en se préservant à l’Ouest et en s’ouvrant tel un belvédère à l’Est.
Le patrimoine ordinaire des murs
Dissimulés sous d’épaisses couches de mousse ou recouverts de lierres, certains murs en pierre sont également protégés par le règlement d’urbanisme de la ville, considérés comme des éléments à part entière du patrimoine. Ces éléments de pierres maçonnées, anodins aux yeux de tous, révèlent en réalité une gestion complexe de la géographie du site et de l’intimité.
Les murs de soutènement répondent à une contrainte majeure des sites en pente. Ils permettent de soutenir le terrain et de créer des plateformes aménageables. Ils longent les routes, délimitent les propriétés et se dressent en remparts. Présents dès les premières traces de l’urbanisation, ils disparaissent aujourd’hui sous la végétation, mais sont une trace indélébile de l’appropriation d’un lieu. Autrefois en pierres maçonnées, aujourd’hui en béton banché, ils témoignent également
de savoir-faire ancestraux et constituent le patrimoine ordinaire de notre région.
Les murs de clôture offrent l’intimité, dissimulent et cultivent le mystère. On se surprend tous, au détour d’une rue, à imaginer ce que ces murs cachent. Quelquefois, une faille, un portail permettent d’apercevoir
un fragment de vie ou de s’immiscer dans ces lieux préservés du brouhaha de la ville.
Ces murs et murets façonnent le paysage, parfois le soulignent et permettent à la fois de soutenir, préserver, protéger, délimiter.
©images : pateyarchitectes